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Essai sur ce qu’est un « mauvais » TD, par une de mes anciennes étudiantes

Chère Madame Herzog-Evans,

L’objet de ce mail est la cohérence entre les cours magistraux et l’application qui en est faite par les chargés de TD. La clé de voûte étant la fiche de TD et l’utilisation qui en est faite.
L’objectif est une réflexion sur les caractères essentiels qu’il serait nécessaire de trouver dans tous les enseignements complémentaires aux cours magistraux des fondamentaux.
J’espère que ce mail aura quelque intérêt pour vous.

Les étudiants qui ont eu la chance de faire partie de vos groupes de travaux dirigés ont pu être tout à la fois stimulés dans l’assimilation du CM, en recevoir un approfondissement, et avoir une lumière sur chacun des documents des fiches.
La quantité de documents que vous fournissez est certes sous exploitée par la plupart des étudiants (ce qui n’a pas manqué de vous exaspérer !), mais quelques uns les étudient intégralement.
Cela c’est la configuration idéale. Des chiffres de ma petite expérience: sur les 7 différents chargés de td que j’ai eu depuis l’année dernière (hors anglais faute de CM), seuls d’eux d’entre eux passent en revue TOUS les documents des fiches. Vous-même et M. XXXX.

Les écueils :

1. L’écueil le plus fréquent des enseignants de td c’est de refaire un petit cours magistral, et en moins bien évidemment, puisque ce sont des grandes lignes de redites. les étudiants réécrivent des infos qu’ils ont dans leurs notes de CM et dans les ouvrages de la BU. c’est ce que j’ai baptisé le TD « meublé ». Pour rendre la séance vivante, les enseignants posent tout de même des questions sur le cours et c’est à mon avis le seul intérêt des 2h passée avec eux. Avec l’espoir enfantin qu’ils notent généreusement pour avoir des points d’avance…

2. Le deuxième écueil est pour le chargé de cours de se contenter d’étudier collectivement un seul, voire deux documents sur l’ensemble de la fiche et de ne prononcer le moindre mot sur le reste. Le pire exemple c’est un chargé de TD fort sympathique (parti cette année) que j’ai eu en pénal et que des amis on eu en Droit de la peine. Les TD étaient à 100% des exposés ; rien sur les fiches. inexistantes. Aucun devoir surveillé. C’est ce que j’ai baptisé le TD « club med » où tous le monde a 14 de moyenne. c’est ce qui fait que bon nombre des étudiants de votre TD avaient déserté pour aller chez lui.

3. Le troisième écueil est le péché d’orgueil du thésard. Les jeunes enseignants de TD n’aiment pas être mis en difficulté. Mon expérience parle ici : les questions que je posais n’étaient pas faites pour les piéger mais pour comprendre. Et là c’est la cata la plupart du temps. Exemple : J’ai demandé des dispenses pour le stratif et le droit commercial ce semestre mais les horaires de civil étaient matinaux et j’ai décidé de suivre les TD. Le chargé de cours n’accepte l’oralité que sous la forme des réponses à ses questions. Dès lors qu’elles viennent des étudiants elles sont malvenues ou bien il faut les poser à la fin des deux heures. Il y a quelques temps, j’ai été carrément souffletée… Alors que celui-ci assimilait dans le cadre de l’indivision un acte d’administration à une conclusion de bail, en contradiction éclatante avec l’article 815-3 du cc, j’ai demandé sans aucune malice un éclaircissement à ce sujet, en présumant que je n’avais pas suivi sa ligne de raisonnement. L’intéressé(e) m’a regardée comme si je capitalisais péniblement 30 points de QI et a répondu que de toute façon ma question n’avait aucun intérêt pas rapport à la question essentielle et que j’étais insupportable d’intervenir pendant ses développements (en résumé, il faut lever la main au bout d’une demi heure…). J’ai pensé à vous : à quand un manuel Dalloz sur la concentration flash ???!!! J’ai remarqué que rares sont les chargés de TD qui acceptent d’approfondir le cours.

4. A de rares exceptions près, il faut déplorer la psychorigidité des plans acceptés par les chargés de cours. J’ai un très gros défaut : je lis trop les notes de commentaires de Dalloz et de la semaine juridique pour préparer mes TD. Il y a un gouffre abyssal entre la souplesse avec laquelle ils manient les idées et les connaissances, avec les corrections des chargés de TD. Encore ce matin, j’ai été gratifiée de : « c’est HS, c’est pas bon », etc. or les 3/4 de mes idées étaient dans sa correction.

Les solutions sont entre les mains des profs de CM. A part la méthodo qui tient en 1h30, à ce jour et à de rares exceptions dont vous faites partie, les TD sont inutiles en l’état. Ils ne sont pas au niveau du travail flagrant fourni par les professeurs de CM qui apportent des fiches très utiles.

Je vous remercie pour l’intérêt que vous porterez peut-être à ces remarques et vous envoie mes plus chaleureuses salutations.

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La réaction d’un autre étudiant.

Chère Madame Herzog-Evans,

Je me permets de répondre à « l’essai » d’une de vos anciennes étudiantes que vous avez publié, je tiens moi aussi à vous donner mon point de vue à ce propos.

Tout d’abord, j’ai eu la chance de vous avoir en tant que chargée de travaux dirigés et, il est incontestable que vous avez une approche diamétralement opposée de la « conduite » d’un TD à celle de tous les autres enseignants (je ne reviendrai pas là-dessus).

Je suis désormais à Paris I (licence 3), non pas que je n’aimais pas la faculté Rémoise mais je ne supportais plus l’amateurisme des chargés de TD.

Je m’explique, étant ancien capacitaire, je suis entré directement en L2 et j’ai donc découvert les TD sur le « tard » (Reims n’assurant plus de TD en capacité depuis quelques années faute de fonds).

En tant que profane, immense fût mon étonnement de tomber sur des enseignants vexants et parfois (et surtout) incompétents.

Certains se targuent d’avoir réussi l’examen d’avocat tout en méprisant au plus haut point leurs étudiants tenant des propos avilissants tel que: « Quoi ! vous avez 23 ans et vous n’êtes qu’en L2 ! Mais moi à votre âge j’étais en thèse » (propos tenus à l’égard d’un camarade qui s’était réorienté).
On se gondole de ces pratiques vexatoires, oeuvre d’indigents se pensant les détenteurs d’un imperium intellectuel, des puits de science sans fond…
Trait d’ironie pour clamer que nous n’assistons pas aux TD pour se faire souiller par des  » Merteuil ».

Par ailleurs, nous avons eu cette année-là deux chargées de TD (en droit administratif) qui ne possédaient pas le Français et qui ne connaissaient absolument pas les rudiments de l’histoire de France… sans être exhaustif, qui ne savaient pas qui était Robespierre, qui ne connaissaient pas le principe de la séparation des autorités administratives et judiciaires etc.
Vous conviendrez, que pour des publicistes cela peut apparaître quelque peu effrayant…
Alors, imaginez-vous lorsqu’on tente de rendre à ces dernières des devoirs à peu prés nourris, quelles sont les notes qui nous sont attribuées… un maigre 10 tout au plus.

De même, pour revenir à ce qui a été si bien dit par l’auteure de « l’essai », il est tout de même incroyable de devoir s’abstenir de poser des questions pertinentes à l’enseignant sous peine qu’il ne s’en offusque !!!
Beaucoup d’entre nous n’osaient pas les poser d’une part, de peur de la fiabilité des réponses qui pouvaient être données et, surtout, de crainte de se voir désignés à la vindicte de l’enseignant se sentant agressé.

En ce qui concerne la méthodologie, vous savez ce vilain petit canard du chargé de TD, j’ai pu remarquer que certains des enseignants étaient très exigeants alors qu’eux-mêmes ne savaient pas exactement ce qu’ils attendaient réellement de leurs étudiants.
Il est vrai qu’à ce sujet, il y’aurait bien des violons à accorder…

Malheureusement, muselés par les évaluations dont nous faisons l’objet tout au long du semestre, nous n’avons pas notre mot à dire, pas même à l’enseignant responsable du CM, dépassé qu’il se trouve par ce qu’on peut lui rapporter.

Tout cela pour vous dire que le travail préalable et personnel de l’étudiant en droit est une chose, mais que les chargés d’enseignements sont tout aussi importants dans la mesure où ils « devraient » nous préparer efficacement à l’examen par la transmission des exigences du Professeur, principal lecteur de nos copies.

Néanmoins, force est de constater que le désintéressement (pour le poste) dont certains font preuve, le manque d’expérience, de maturité ne permettent pas d’appréhender la matière comme il se doit.
Aussi, de mon point de vue, serait-il utile de procéder à un entretien approfondi des candidats aux postes de chargés de cours afin de s’assurer de leur « amour », de la dévotion dont ils font preuve à l’égard de la matière qu’ils souhaitent enseigner, de leur parfaite maître de la langue.
Sans quoi, ces derniers paraissent insipides derrière des Mme Herzog-Evans, des MM S. ou V…

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